De nouvelles préindications maladies rares et des extensions cancers ont été validées
Un groupe de travail piloté par la Haute Autorité de Santé (
HAS) est chargé d’évaluer les propositions de
préindications cliniques pour lesquelles les patients pourraient avoir accès au séquençage génomique au cours de leur parcours de soins. Il prend en compte les données disponibles sur le bénéfice du séquençage génomique par rapport aux analyses réalisées en routine, et les contraintes techniques nécessaires à la réalisation du séquençage et à l’analyse bioinformatique des résultats.
Ainsi,
9 préindications dans le domaine des maladies rares et 2 extensions de préindications en cancérologie viennent d’être validées :
- Maladies rares :
- Calcifications cérébrales
- Maladies cérébrovasculaires rares
- Lymphœdèmes primaires
- Neuropathies périphériques héréditaires
- Sclérose latérale amyotrophique
- Pancréatites chroniques d’origine génétique
- Infertilités masculines rares
- Angioedèmes bradykiniques héréditaires
- Syndromes avec hyperlaxité articulaire majeure, sans déficit intellectuel
Il sera possible de prescrire pour ces 9 préindications maladies rares une fois que les modalités de circuit de prescription (RCP-FMG) auront été précisées. Dès lors, les
fiches dédiées aux préindications sur le site internet du PFMG 2025 seront publiées, mentionnant les contacts des coordonnateurs et les critères d’éligibilité aux examens de séquençage à très haut débit.
- Cancérologie :
- Cancers et tumeurs rares
- Cancers avancés en échec thérapeutique de première ligne
Au total, il est aujourd’hui possible de prescrire pour
70 préindications, dont 60 dans le champ des maladies rares, 8 en cancérologie et 2 en oncogénétique.
Le PFMG accompagne les préindications retenues pour faciliter et accélérer leur mise en œuvre. Une réunion de lancement a été organisée le 1er mars afin d’expliquer le parcours génomique et ses spécificités aux nouveaux acteurs impliqués.
Les préindications retenues ont vocation à être évaluées dans un deuxième temps par la HAS en vue de leur prise en charge financière. Des données permettant de démontrer l’utilité clinique et l’efficience sur le plan médico-économique de ces actes innovants devront donc être collectées pour chaque préindication.
Chaque mois, les LBM-FMG SeqOIA et AURAGEN transmettent un bilan d’activité à l’équipe de coordination du PFMG qui en fait une synthèse à l’échelle nationale.
En 2021, quasiment toutes les
préindications dans le champ des maladies rares et des cancers ont démarré leur activité. Plusieurs actions ont été menées afin de fluidifier davantage le parcours de soin, dont notamment la création de
RCP-FMG locales pour l’ensemble des maladies rares et la mise en place d’un réseau d’interprétateurs sur l’ensemble du territoire.
Ainsi au 31 décembre 2021,
5 523 prescriptions ont été validées en RCP-FMG d’amont, soit presque deux fois plus qu’en 2020 :
- 4 544 pour les maladies rares
- 75 pour l’oncogénétique
- 904 pour les cancers
6 préindications représentent plus de la moitié des prescriptions.
Et 2391 comptes rendus ont été remis aux médecins prescripteurs, soit environ onze fois plus qu’en 2020 :
- 1 637 pour les maladies rares
- 754 pour les cancers
L’implication majeure de nombreux acteurs du parcours de soin se traduit en 2021 se traduit par une
très bonne dynamique de montée en charge de l’activité par rapport à 2020, tant par la participation de patients (x1,9) que par le rendu des résultats (x11,2).
Les efforts doivent se poursuivre, en particulier pour augmenter le nombre de prescriptions dans le champ des cancers et réduire le délai de rendu des résultats dans le champ des maladies rares. La possibilité d’utiliser des prélèvements fixés en cancérologie, le déploiement des
chargés de parcours génomique et la montée en charge du réseau d’interprétateurs devraient permettre de répondre à ces enjeux.
Cas clinique : le bénéfice de l’approche pangénomique pour une famille atteinte de maladie génétique rare
Deux enfants (un garçon, une fille) consultent pour retard des acquisitions et de croissance. Une notion de retard des acquisitions est également identifiée chez leur père.
Un séquençage de génome « en quatuor » est alors prescrit aux deux enfants atteints ainsi qu’à leurs parents avec pour première hypothèse diagnostique la transmission d’une maladie génétique par le père à ses deux enfants.
Le séquençage de génome
en quatuor effectué par le
LBM-FMG SeqOIA a retrouvé plus de 8 millions de variations ponctuelles et 50 000 variations de structure chromosomique, comparativement à la séquence de référence du génome humain.
L’analyse moléculaire effectuée a permis de retenir, parmi ces variations génétiques, celle(s) qui pourrai(en)t être en cause dans le phénotype observé.
Au sein de cette famille, ce n’est pas une, mais deux maladies rares génétiques distinctes qui sont diagnostiquées :
- La première a pour origine une perte de matériel génétique située sur le bras long du chromosome 4, qui a été transmise du père à sa fille. Le gène ANKRD17 est impliqué. A peine quelques semaines plus tôt (juin 2021), une publication démontrait l’implication de ce gène dans le syndrome de Chopra-Amiel-Gordon. L’hypothèse initiale d’une maladie génétique transmise par le père est retenue.
- Toutefois, contrairement à ce qui pouvait être attendu, le fils n’est pas porteur de cette perte de matériel génétique. Chez lui, le retard des acquisitions et de croissance présente une autre cause. Il est porteur d’une variation génétique pathogène du gène HDAC8 responsable du syndrome de Cornelia de Lange. Le gène HDAC8 est localisé sur le chromosome X, cette variation n’est héritée de la mère, il s’agit d’une variation accidentelle.
Le séquençage du génome en quatuor a donc permis d’identifier les causes de deux maladies rares génétiques distincts chez ces deux enfants au sein d’une même famille, avec des modalités de transmission différentes.
Cet exemple illustre l’intérêt d’analyser le génome du ou des enfants atteints et de leurs parents. Il montre la puissance diagnostique du séquençage de génome, capable d’isoler, parmi des millions de variations génétiques, une ou plusieurs variations causales de nature différente ; capable de distinguer, au-delà des hypothèses diagnostiques, des maladies distinctes au sein d’une même famille ; capable de s’adapter, pratiquement en temps réel, à l’évolution des connaissances.
Dans les troubles du développement, la coexistence de deux maladies génétiques chez le même sujet ou bien dans la même famille représente environ 3 à 5% des cas.